mardi, décembre 16, 2025
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    Pourquoi s’élever est plus puissant que punir?

    Une pensée stoïcienne pour les temps troublés.

    À l’heure où la colère se déverse plus vite que la réflexion, où la punition est souvent confondue avec la justice, la sagesse stoïcienne nous rappelle une vérité dérangeante mais essentielle : s’élever est un acte de puissance, punir est souvent un aveu d’impuissance.

    Les stoïciens n’étaient pas des idéalistes détachés du réel. Ils vivaient dans un monde dur, violent, instable. Et pourtant, leur philosophie n’a jamais été une école de vengeance, mais une discipline de souveraineté intérieure.

    Punir : une réaction dictée par l’ego blessé.

    Punir naît rarement de la sagesse.
    Il surgit le plus souvent d’une blessure, d’un orgueil froissé, d’un besoin de rétablir une domination perdue. Celui qui punit cherche à rééquilibrer une douleur intérieure en infligeant une douleur extérieure.

    Pour Épictète, ce réflexe est une illusion dangereuse :

    « Ce ne sont pas les événements qui troublent les hommes, mais l’idée qu’ils s’en font. »

    Punir, c’est croire que l’on reprend le contrôle, alors qu’en réalité, on offre son pouvoir à ce qui nous a offensé. On devient dépendant de l’acte de l’autre. On s’abaisse à son niveau émotionnel.

    S’élever : la véritable maîtrise

    S’élever, dans la pensée stoïcienne, ne signifie pas excuser l’inacceptable ni tolérer l’injustice. Cela signifie refuser de laisser une offense gouverner son âme.

    Marc Aurèle écrivait :

    « La meilleure vengeance est de ne pas ressembler à celui qui a commis l’injustice. »

    S’élever, c’est comprendre que :

    • la colère est un feu qui brûle d’abord celui qui la porte,
    • la punition nourrit souvent le cycle de la violence,
    • la dignité silencieuse est parfois plus déstabilisante que mille représailles.

    Celui qui s’élève choisit la hauteur plutôt que le choc, la clarté plutôt que l’obscurité.

    La puissance invisible de l’élévation.

    Dans un monde obsédé par la sanction, l’élévation est un acte radical.
    Elle désarme, elle déroute, elle oblige l’autre à se confronter à lui-même.

    S’élever, c’est :

    • poser des limites sans haine,
    • se retirer sans fuir,
    • refuser la bassesse sans arrogance.

    C’est une force calme, presque invisible, mais profondément transformatrice.

    Les stoïciens savaient que la vraie victoire ne se mesure pas à la souffrance infligée, mais à la paix préservée.

    Une leçon pour notre époque

    À l’ère des réseaux sociaux, des lynchages publics et des jugements instantanés, la pensée stoïcienne résonne comme un rappel salutaire :
    tout ce qui mérite une réponse ne mérite pas une réaction.

    S’élever, c’est choisir la liberté intérieure.
    Punir, c’est souvent rester prisonnier de l’offense.

    Et dans ce choix silencieux, discret mais ferme, se cache la plus grande des puissances humaines : celle de rester maître de soi, quoi qu’il arrive.

    Aissatou Kourouma
    Pour Mattai Magazine

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