C’est en 2014 qu’une étude réalisée en Inde que des chercheurs ont révélé que 42% des femmes ayant participé à celle-ci ne savaient pas qu’il existe un outil pratique nommé serviette hygiène, que dire du reste du monde ? Surtout des régions où l’éducation ne donne pas la priorité à l’accès aux informations relatives à l’hygiène menstruelle ? Il existe des régions où les femmes et les jeunes filles n’ont pas accès aux toilettes, encore moins à un accompagnement par des professionnels afin de les aider à prendre soin d’elles. L’hygiène menstruelle devant être associée à la santé et l’éducation, l’ONG allemande WASH UNITED a pris l’initiative d’instaurer en 2014 la journée internationale de l’hygiène menstruelle afin de sensibiliser ses 270 partenaires à s’engager dans la promotion d’une bonne hygiène menstruelle à travers le monde. Ainsi la journée internationale de l’hygiène menstruelle est associée à l’assainissement mais aussi aux bonnes pratiques liées à l’hygiène des mains et la promotion de la journée mondiale des toilettes. Il faut noter que beaucoup ignore encore à travers le monde qu’une mauvaise hygiène menstruelle pourrait affecter le taux de fécondité, provoquer des infections d’où l’importance et la nécessité d’une éducation quant aux voies de transmission des maladies infectieuses spécifiques sachant que ces infections peuvent conduire à divers handicaps en l’absence de traitement. Selon les mêmes chercheurs ci-dessus cités, les infections de l’appareil génital sont à l’origine 30 à 50 % des infections prénatales dans la population féminine en Inde. Selon cette étude, en raison des préjugés, certaines femmes ne prennent pas de douches, d’autres ne s’alimentent pas pendant leurs règles. Plus près de nous, il existe des situations d’une telle précarité que même dans une société plus informée, une catégorie sociale fait face à la précarité de l’hygiène menstruelle et beaucoup de commune ont en fait à ce jour une priorité dans leurs agendas d’informations des populations. A Montreuil, en Seine Saint Denis, 15 distributeurs gratuits de tampons et serviettes hygiéniques ont été installés dans des structures municipales, dans des gymnases mais également dans certaines associations partenaires qui contribuent à faire de cette ville une pionnière en matière d’information sur l’hygiène menstruelle. Cette information est relayée par des agents formés à la diffusion de cette information et plusieurs initiatives de ce type sont portées par le CCAS en association avec la mutuelle SOLIMUT dont le but est de rendre accessibles à toutes ces produits de première nécessité. Ce qui permet aux femmes et jeunes filles de pouvoir travailler, pratiquer du sport sans pour autant être freinée dans leurs activités lorsqu’elles ont leurs règles. Cela, préserverait des mésusages car un tampon gardé trop longtemps, ou l’usage les protections de substitution de fortune et la mauvaise hygiène menstruelle peuvent créer des infections voire des chocs toxiques aux conséquences qui peuvent être catastrophiques ou conduire à la stérilité. De plus en plus d’acteurs professionnels saisissent l’occasion de cette journée internationale de prévention pour participer à la normalisation des mensurations pour qu’elles ne soient pas vécues dans la honte où les préjugés tétanisants. En Ile de France, les communes de Bagnolet et de Saint Ouen (93) viennent également d’adopter pour leur personnel féminin « le congé menstruel », sujet qui est aussi à l’étude actuelle sur la commune de Montreuil. Pour que cette pratique soit répandue à d’autres communes sans inquiétude, il serait judicieux d’en tracer le cadre afin qu’il n’y ait pas de risques de stigmatisation et, que le secret médical puisse être préservé, en cas la prise de « congé menstruel « du personnel concerné. Nous vous recommandons l’ouvrage de la journaliste féministe, philosophe et auteure du livre : « Ceci est mon sang » d’ELISE THIBAUT qui dans une interview dernièrement accordée à Christine CHALLIER dans le Montreuillois, prône justement, l’accessibilité pour toutes à des produits hygiéniques dans l’espace public, la libération de la parole sur la question du corps car il est difficile de vivre dans un corps dont on ne comprend pas tout, en plus d’être parfois, face à un discours qui tend à disqualifier. Qui n’a jamais entendu cette fameuse réflexion faite à certaines femmes : « tu as tes règles ou quoi ? ». Selon ELISE THIBAUT, il est inadmissible que l’accessibilité à des produits hygiéniques ne soit pas une généralité dans les espaces publiques. L’égalité menstruelle doit être conceptualisée dans un monde où les femmes dépensent plus et gagne moins que les hommes, où les corps des hommes sont le standard. Ce serait reconnaitre la diversité des métabolismes et des physiologies et que les hommes sont aussi traversés par des invariants métaboliques. Pour ELISE THIBAUT, ce serait poser de la diversité à la place de la hiérarchie. C’est dit-elle, l’égalité telle qu’elle la pense, qui rapproche de l’équité.